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Haiti

Haïti : Un pont redonne espoir aux habitants de Boucan Carré

Un nouveau pont a été installé sur la rivière Fonds d'Enfer, le 27 septembre dernier, à Boucan Carré, commune du Plateau Central. Construit par les casques bleus brésiliens, cet ouvrage est le fruit d'un partenariat multilatéral entre la mairie, le Ministère des Travaux publics, Transport et Communication (MTPTC), la MINUSTAH, la Fondation Digicel et Zanmi Lasante. Une porte ouverte au développement de Boucan Carré.

Commune de l'arrondissement de Mirebalais, Boucan Carré était, naguère, une zone marginalisée et isolée. Pour accéder à cette zone peuplée d'environ 53.000 habitants, il fallait traverser la rivière Fonds d'Enfer à gué. De plus, le transport des marchandises et de produits agricoles était paralysé en période de pluie.

Et c'est pour apporter une solution à ces problèmes que Zanmi Lasante a soumis une requête auprès de diverses institutions pour la réalisation d'un pont. Une demande généreusement agréée par la Fondation Digicel et la Compagnie de Génie brésilienne de la MINUSTAH.

La Fondation Digicel a financé les travaux de consolidation du pont à hauteur de 249.780 dollars américains. De son côté, la MINUSTAH, par le biais de la Compagnie de Génie brésilienne, a offert le pont et procéder à son installation.

Les travaux de consolidation du pont ont été confiés à la firme privée National Transport and Construction (NTC). Cette entreprise était chargée du déblayage, du remblayage, du gabionnage et du drainage, notamment.

En plus de ces travaux, la NTC a installé des poteaux en béton armé de 1.20 x 1.20 mètre sur une profondeur de 5.50 mètres. Elle a aussi préparé la culée du pont dont les coordonnées techniques sont huit mètres de longueur, deux mètres de largeur et 1.5 mètre de hauteur, le tout en béton armé.

Cette étape a été suivie par l'installation du pont. Durant trois jours, les ingénieurs brésiliens ont procédé à l'assemblage et au montage du pont, une structure métallique d'une valeur de 115.000 dollars américains. Celui-ci mesure 20 mètres de long, 4.50 mètres de large et pourrait supporter des poids allant jusqu'à 45 tonnes. Sa durée de vie avoisinerait une cinquantaine d'années environ, selon le directeur de NTC, l'ingénieur Marcel Jeannot.

A part le principal ouvrage, le financement de la Digicel a permis la réhabilitation d'environ 250 mètres de route en terre battue des deux côtés du pont. Pour leur part, les militaires brésiliens ont réhabilité 350 mètres de tronçon supplémentaire.

Un changement fortement apprécié par la population

Pour les habitants de cette ville, l'avènement du nouveau pont est considéré comme un miracle dont beaucoup de gens avaient rêvé d'être témoins. Le maire de Boucan Carré, Dérat Benicé, se souvient encore des péripéties auxquelles la communauté a dû faire face par le passé. « La rivière Fonds d'Enfer, quand elle est en crue, est un véritable enfer. Elle a déjà emporté des véhicules de Zanmi Lasante, de la PNH et plusieurs gros camions de transport public. Récemment, elle a emporté la jeep de l'équipe de football de la ville et deux joueurs y ont laissé leur peau », témoigne le maire.

Tout en se réjouissant de la construction du nouvel ouvrage, M. Benicé exprime quelques inquiétudes. « Le pont est professionnellement bien installé, il n'y a aucun doute. Mais vu le débit de l'eau de cette rivière, nous avons recommandé dans le projet la mise en place de murs et de berges de protection d'environ 1.5 mètre de hauteur en moyenne sur une longueur de dix mètres en amont et en aval afin de mieux protéger la culée et la base du pont », fait savoir le responsable municipal.

C'est également la position de l'ingénieur Marcel Jeannot. Il explique que le travail fourni est de qualité et respecte les clauses du contrat signé avec la Fondation Digicel. Néanmoins, il insiste sur la nécessité de construire un gabion tel que le maire le préconise pour empêcher que la rivière ne déborde son lit et placer le pont au milieu de nouvelles branches d'eau qu'elle aura formées au cours de son effervescence coutumière.

Il revient maintenant aux autorités locales de continuer à multiplier leurs efforts pour inciter à des actions communautaires en vue de la construction de murs et de berges en vue de lutter contre le débordement de la rivière et mieux protéger les jardins, terres arabes et cultures des paysans.

En attendant la complète résolution de ces préoccupations, les Boucanais peuvent tranquillement traverser Fonds d'Enfer sans se tremper les pieds. Ils sont également heureux de voir déjà des camions traverser le pont avec des tonnes de patates douces, d'ignames et de maïs en direction de la capitale. Pour eux, c'est le glas du désenclavement de leur communauté qui sonne.

Rédaction : Louicius Micius Eugène
Edition : Hugo Merveille