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DR Congo

RD Congo/Nord Kivu : Les regards se tournent vers les médiateurs internationaux

La situation reste calme à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, la province orientale de la République Démocratique du Congo o=F9 sévit une instabilité constante depuis la fin officielle du conflit congolais. Des sources de la MISNA contactées en ville indiquent que la situation est à présent sous contrôle de la mission locale de l'Onu (Monuc) qui, de même que la police nationale, patrouille toute l'agglomération. Les pillages, souvent commis par les soldats de l'armée régulière, ont eux aussi nettement diminué depuis plusieurs jours, suite aux recommandations restrictives des autorités militaires qui ont interdit à leurs hommes de sortir des casernes, limitant leurs déplacements au strict minimum. La situation s'avère également plus tranquille en dehors de Goma. En effet, à l'exception de quelques escarmouches, aucune violence n'a été signalée depuis plusieurs jours et les rebelles du Congrès national pour la défense du Peuple (Cndp) du général dissident pro-rwandais Laurent Nkunda ont établi leurs camps à une quinzaine de kilomètres de Goma. "Tous les regards se tournent maintenant vers la médiation internationale", dit à la MISNA Edoardo Tagliani, chef de mission au Congo pour le compte de l'organisation non gouvernementale italienne Avsi, l'une des plus actives au Nord et Sud-Kivu. "La situation à Goma est calme depuis jeudi dernier. En réalité, les violences n'ont affecté la ville que mercredi, de 14 heures jusqu'à 5 heures de jeudi matin. Les nouvelles qui nous parviennent de Rutshuru (zone située à 70 kilomètres environ au nord de Goma et qui est sous contrôle des rebelles du Cndp depuis la semaine dernière, Ndlr) font état d'une amélioration. Certes, il y a des tensions et de l'appréhension, mais les écoles rouvrent peu à peu là aussi", ajoute le coopérant italien, contacté par téléphone dans le chef-lieu du Nord-Kivu et qui dément les informations de certains organes de presse relatives à de récents massacres, des fosses communes et des génocides, conformément aux stéréotypes d'inspiration coloniale et à une information superficielle se référant aux anciennes guerres congolaises. "Il est important que les gens comprennent que les événements qui se vérifient actuellement au Kivu ne constituent pas une crise isolée mais le dernier épisode d'un conflit politique et militaire qui dure depuis 14 ans et que le problème le plus urgent à l'heure actuelle est l'aspect humanitaire. Près de 1.100.000 personnes déplacées se trouvent dans la région et 900.000 d'entre elles vivent dans de telles conditions depuis de longs mois voire des années et sûrement pas depuis quelques semaines seulement. La zone a toujours été et est encore une véritable poudrière et c'est la raison pour laquelle la situation est très préoccupante", tient à préciser M Tagliani. "Si l'on veut dégager un aspect positif dans les développements des derniers jours au Kivu, c'est qu'ils ont fait émerger les véritables protagonistes de la crise aussi bien au niveau local qu'au niveau international. Ainsi, si la médiation régionale et africaine aspire à faire rencontrer les présidents du Congo et du Rwanda (plutôt que le chef des rebelles et les officiers de l'armée congolaise, Ndlr), les intérêts des grandes puissances économiques européennes et internationales se sont quant à eux clairement manifestés", conclut l'agent humanitaire. En effet, les différences entre les politiques européennes dans la zone des Grands Lacs (o=F9 d'importants pays du continent sont souvent en concurrence directe) ont porté le ministre français des Affaires étrangères, qui aurait dû se rendre seul au Congo, à se faire accompagner par son homologue anglais, presque comme s'il devait en surveiller les mouvements. L'Onu et l'Union africaine (UA) ont pour leur part nommé un représentant chacune, tandis que Washington s'est hâté de détacher sur place son envoyée pour l'Afrique (Jendayi Frazer, omniprésente et hyperactive depuis plusieurs mois dans les principales crises du continent). En réalité, tel que l'ont prouvé des rapports de l'Onu datant de quelques années, ce ne sont pas tant les intérêts politiques des pays occidentaux à dépêcher leurs représentants respectifs à être en cause que les immenses intérêts commerciaux des grandes industries (minières et énergétiques) internationales, occupées à se répartir les concessions en jeu au moment même o=F9 le gouvernement congolais a entamé une révision de tous les contrats existants.