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Rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (S/2008/215)

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I. Introduction

1. Le présent rapport est soumis en application de la résolution 1778 (2007) du Conseil de sécurité, par laquelle le Conseil m'a prié de lui présenter, tous les trois mois, un rapport sur l'évolution de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'est du Tchad, dans le nord-est de la République centrafricaine et dans la région, y compris les mouvements de réfugiés et de déplacés et les progrès accomplis en direction de l'objectif d'aider à créer les conditions favorables à leur retour volontaire. Il rend compte des principaux faits survenus depuis mon dernier rapport (S/2007/739) daté du 17 décembre 2007, y compris en ce qui concerne le déploiement de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT), la Force de l'Union européenne (EUFOR Tchad/République centrafricaine) et la Police tchadienne pour la protection humanitaire (PTPH).

II. Évolution récente de la situation

A. Évolution de la situation politique

2. La situation s'est nettement détériorée au Tchad en dépit de la signature à Syrte (Libye), le 25 octobre 2007, de l'accord de paix entre le Gouvernement et les principaux groupes d'opposition armés tchadiens. Dans cet accord, les parties ont convenu de respecter la Constitution, de mettre fin aux combats, d'accorder l'amnistie aux rebelles, de permettre aux groupes rebelles de participer à la gestion des affaires publiques, d'intégrer les forces rebelles dans l'Armée nationale tchadienne et d'organiser à Tripoli une nouvelle rencontre avec la participation de tous les partis politiques et des organisations concernées de la société civile, en vue de suivre la mise en œuvre de l'accord. Toutefois, les parties n'ont pas honoré l'accord. La Concorde nationale tchadienne (CNT) a été le seul groupe armé de l'opposition signataire de l'accord à respecter les termes de l'accord. Le 25 décembre 2007, 1 600 ex-combattants du CNT auraient été admis au Centre de formation militaire de Moussoro, au Tchad.

3. Le 12 décembre, trois des quatre principaux groupes de l'opposition armée tchadienne - l'Union des forces pour le développement et la démocratie (UFDD), le Rassemblement des forces pour le changement (RFC) et l'Union des forces pour la démocratie et le développement fondamental (UFDDF) - ont publié une déclaration annonçant la création d'une alliance dénommée la Résistance nationale. Cette alliance n'a pas entraîné une fusion des trois groupes armés en un mouvement unique mais plutôt la création d'un comité exécutif regroupant les dirigeants des trois groupes, à savoir M. Mahamat Nouri, de l'UFDD, M. Timane Erdimi, du RFC, et M. Abdelwahid Aboud Makaye, de l'UFDDF.

4. Le 26 décembre, le Premier Ministre tchadien, M. Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye, a publié un communiqué dans lequel il a notamment accusé le Gouvernement soudanais d'accueillir, de former et d'équiper des groupes armés tchadiens dans le but de déstabiliser le Tchad et d'empêcher le déploiement de l'EUFOR Tchad/République centrafricaine et la mise en place de l'opération hybride ONU-Union africaine au Darfour (MINUAD). Dans un autre communiqué publié le même jour, le Premier Ministre a lancé un appel à l'Union africaine, à l'ONU et à l'Union européenne afin qu'elles aident à rétablir la paix et la sécurité dans la zone frontalière située entre le Tchad et le Soudan.

5. Dans une lettre du 28 décembre adressée au Conseil de sécurité, le Gouvernement soudanais s'est défendu de planifier une attaque contre le Gouvernement tchadien et a accusé le Tchad de soutenir un groupe armé soudanais, le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE), qui, disait-il, avait récemment tenu une réunion sur le territoire tchadien. Le Gouvernement soudanais a également accusé le Tchad d'effectuer des incursions terrestres et des bombardements aériens dans les régions de Rijl al-Harzaya et de Karmoula, dans le Darfour-Ouest, à quelque 56 kilomètres au sud-ouest de Geneina. Le 7 janvier 2008, le Secrétaire général de la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD), M. Mohamed Madani al-Azhari, s'est rendu à Khartoum et à N'Djamena pour exhorter les parties à faire preuve de retenue, dans le souci d'éviter une aggravation des tensions.

6. En République centrafricaine, le Premier Ministre, M. Élie Doté, a démissionné le 18 janvier, en réaction à l'examen prévu d'une motion de censure déposée au Parlement et au moment où se déroulaient des mouvements de grève des travailleurs de la fonction publique, qui exigeaient le règlement d'arriérés de salaires. Le 22 janvier, le Président Bozizé a nommé comme nouveau Premier Ministre M. Faustin Archange Touadera, ancien professeur à l'Université de Bangui. M. Touadera, qui a d'abord été rejeté par la classe politique parce que le Chef de l'État n'avait pas consulté les partis politiques au sujet de sa nomination, est parvenu, avec les syndicats, à un accord qui a conduit à une cessation des mouvements de grève le 25 février. Le 28 janvier, le Président Bozizé a formé un nouveau Gouvernement dans lequel les principaux ministres ont conservé leur portefeuille. Par ailleurs, le Comité préparatoire du dialogue a poursuivi ses travaux et devrait mettre au point des propositions détaillées visant à organiser, à l'échéance du 31 mars, un dialogue politique ouvert à tous.