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DR Congo

RDC : la conférence de tous les espoirs ... et de toutes les suspicions

Déo Namujimbo

Quatre ans après les guerres, les provinces du Nord et du Sud-Kivu, à l'est du Congo démocratique, n'ont toujours pas pris leur envol, principalement à cause des conflits et de l'insécurité qui y sont monnaie courante. Une conférence de paix, sécurité et développement doit commencer dans quelques jours à Goma pour tenter d'y remédier.

Décidée par ordonnance présidentielle depuis près de deux ans, la Table ronde sur la pacification entre les ethnies du Nord et du Sud-Kivu n'a pas eu lieu, la majorité de la population, notamment la société civile et les chefs coutumiers ayant jugé que les différentes communautés vivaient en parfaite harmonie. Ce qui a poussé le chef de l'Etat Joseph Kabila à présenter les choses autrement en organisant cette fois une « Conférence de paix, sécurité et développement pour les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ». D'autres rencontres de ce genre sont parvenues précédemment à mettre fin aux affrontements armés, massacres et autres exactions d'hommes en armes au Katanga et en Ituri.

Selon l'abbé Apollinaire Malu-Malu, président de la Commission électorale indépendante désigné pour superviser les travaux de cette conférence, « ce ne sera pas une négociation entre différents blocs politiques mais un forum o=F9 les participants discuteront les yeux dans les yeux en vue de trouver ensemble les voies et moyens pouvant permettre à ces deux provinces d'amorcer leur développement ». Et Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale, d'ajouter : « Il est grand temps que tous les acteurs de l'Est de la RDC se penchent sur ces problèmes sécuritaires qui non seulement retardent le développement d'une partie du pays mais en plus finissent par lasser les dirigeants, la population congolaise en général et la communauté internationale ».

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Préalablement annoncés pour aller du 27 décembre 2007 au 5 janvier 2008, les travaux ont été finalement reportés du 6 au 16 janvier 2008, le organisateurs ayant fait preuve d'une impréparation notoire, comme le souligne Gervais Chirhalwira, rapporteur de la société civile du Sud-Kivu : « Ils nous ont surpris moins d'une semaine avant le lancement des travaux, ne nous ont même pas laissé le temps de consulter nos bases et organisations membres et d'harmoniser des cahiers de charges réalistes ». Même les assemblées (chambres des députés) des deux provinces ont été prises de court et n'ont pas pu préparer comme il se devait les dossiers sensibles à présenter et défendre à ces assises. Ce qui fait craindre le pire à certains observateurs, à l'instar du défenseur des droits humains Paulin Habamungu qui affirme « On veut nous faire signer des documents rédigés à l'avance, des engagements que le peuple va encore payer longtemps comme on paye encore les dettes de Mobutu qui n'ont pourtant servi à aucun Congolais ».

N'empêche que la tenue de cette conférence est différemment perçue, selon la position des uns et des autres. Pour la majeure partie de la population de Bukavu, la capitale du Sud-Kivu, « ce n'est qu'une façon de négocier avec le général dissident Laurent Nkunda face aux cuisantes défaites des Forces armées de la RDC sur le front de la guerre et leur incapacité à en venir à bout ».